Notre-Dame de Pontmain

1871
France

Depuis juillet 1870, la France est en guerre contre une coalition d’États allemands, ce qu’on appellera la guerre franco-prussienne. Le 19 juillet, Napoléon III avait déclaré la guerre à la Prusse et avait capitulé le 2 septembre, il ne restait plus aucun espoir humain d’arrêter l’invasion.

L’angoisse régnait à Pontmain. Depuis le 23 septembre 1870, 38 hommes ou jeunes gens étaient partis à la guerre. Monsieur le Curé Michel Guérin les y avait préparés.

Puisque toutes les espérances et les consolations humaines semblaient perdues, ne fallait-il pas se tourner vers Dieu ?

Dieu, en effet, allait « se laisser toucher » par l’intervention de sa Mère à qui l’on recourait de toutes parts. C’est sa Mère aussi, que Dieu allait choisir pour apporter le message d’espérance et l’assurance d’être exaucé en peu de temps. C’est à Pontmain qu’elle allait apporter ce message. On y priait tellement !

L’événement

Peu avant dix-huit heures, Jeannette, une jeune dame, apporte à la famille Barbedette des nouvelles des soldats. Eugène en profite pour faire la pause et observer « les signes dans le temps » : le ciel est limpide, étoilé, et la neige couvre les toits. Tout à coup, quelque chose l’intrigue et l’attire : une silhouette humaine : robe bleue parsemée d’étoiles d’or et un sourire dans le ciel. Les mains de cette femme sont un geste d’accueil. Eugène est saisi et déconcerté : « Je la regarde, et elle me regarde », dira-t-il. Elle semble heureuse de le voir. Joseph, son frère cadet, sort à son tour et aperçoit immédiatement la vision. Arrivent deux filles de l’école. Elles voient et battent des mains, joyeuses « Oh ! la belle Dame !

L’apparition

Les voyants signalent alors : (quelque chose se fait). Un cadre s’est formé autour de l’apparition, orné de quatre bougies à l’intérieur. Une petite croix rouge est apparue à l’endroit du cœur. Il y a maintenant plus de cinquante personnes : « Voilà qu’elle devient triste » dit Eugène.

 

En haut, un écriteau est fixé : « JESUS-CHRIST » ; rouge, couleur du sang versé durant la Passion et aujourd’hui dans la guerre qui déferle. La foule chante ! C’est le moment le plus poignant. La tristesse devient plus profonde sur le visage de l’apparition. Une étoile monte dans le ciel. Elle vient allumer successivement les quatre bougies. Notre-Dame salue cette lumière d’un nouveau sourire.

Il est environ vingt heures trente : « Faisons tous ensemble la prière du soir », demande le curé. Pendant l’examen de conscience, une dernière phase commence. Les enfants la décrivent au fur et à mesure : Un grand voile blanc apparaît aux pieds de la Vierge. Il monte lentement devant elle et la cache progressivement, de bas en haut.

Chacun rentre chez soi, dans le recueillement et l’espérance. L’angoisse de la guerre s’est évanouie. Les Allemands ne viendront pas jusqu’à Pontmain. Tous les soldats du village reviendront successivement sains et saufs. La joie est profonde et discrète.

Les voyants devenus prêtres ou religieux ont servi toute leur vie, fidèlement et sans éclat, sans que cela motive un procès de béatification pour aucun.

Les enfants

Eugène Barbedette, né le 4 novembre 1858, est le premier à apercevoir la Belle Dame. Il devient prêtre, et est ordonné en 1883. Curé dans plusieurs paroisses du diocèse de Laval, il a laissé le souvenir d’un prêtre « droit, zélé, fervent et intransigeant ». Il meurt le 2 mai 1927.

Joseph Barbedette, né le 20 novembre 1860, désire devenir missionnaire. Il entre chez les Missionnaires Oblats de Marie Immaculée, et est ordonné prêtre en 1884. À la demande de ses supérieurs, il écrit un récit très complet de l’apparition. Il meurt le 3 novembre 1930, et est enterré dans le cimetière de Pontmain.

Françoise Richer est née en 1861. Elle reste ce qu’elle est au moment de l’apparition : une âme profondément chrétienne, accomplissant simplement sa tâche de chaque jour « pour faire plaisir au Bon Dieu et à la Bonne Vierge ». Elle gagne sa vie comme domestique puis comme institutrice dans plusieurs petites écoles de campagne. Vers 1900, elle devient gouvernante de l’abbé Eugène Barbedette. Elle meurt le 28 mars 1915.

Jeanne-Marie Lebosse est née le 12 septembre 1861 à Gosné (Ille-et-Vilaine). Orpheline de père et ayant sa mère paralysée, elle est recueillie par sa tante Sœur Timothée, directrice de l’école de Pontmain. En 1881, elle entre chez les Sœurs de la Sainte Famille de Bordeaux. Pendant dix ans, elle sera paralysée, et en mars 1933 elle sera réduite à une impuissance absolue. Elle meurt le 12 décembre 1933.

Le miracle de Pontmain

Alors qu’ils ont été obligés de partir sur le front, le 23 Septembre 1871, 38 paroissiens dont personne n’a de nouvelles se trouvent engagés dans de sanglants combats. La ville du Mans est prise par les Prussiens le 13 Janvier 1871 et c’est bientôt le tour de Laval. Mais, grâce à la foi, aux prières et à l’intercession de Marie, les Prussiens se retirent et Laval est sauvée le 18 Janvier.

Les 38 paroissiens reviennent peu à peu, tous sains et saufs, au village de Pontmain où leur retour est vécu comme un miracle de l’apparition.

Reconnaissance

La reconnaissance officielle de “l’apparition de la Vierge de Pontmain” a été prononcée par Mgr Casimir Wicart, le 2 Février 1872. Avec la perte du dossier, un nouveau procès canonique conclut en 1920 une nouvelle fois à la reconnaissance de l’apparition.